Un rythme plus lent, ma maison sur le dos, j’avance … tel un escargot.
Malgré quelques rencontres (un couple de Français, trois jeunes italiens), toujours aussi seul :
Soit je suis vraiment devenu sauvage … comme un ours, la barbe et les cheveux aidant.
Soit je commence à sentir le phoque … N’est-ce pas le signe du pèlerin accompli ?
Mon sac, lui, sent le buffle à plein nez (ou plutôt le lait de bufflonne) : je n’évoque pas ici l’odeur de mes chaussettes, mais celle du sachet de mozzarella qui a explosé ! Ainsi parfumés, nous attirons toutes les fourmis.
Des escargots, des ours, des phoques, des bufflonnes, des fourmis …
Bienvenu dans l’arche de Noé !
Cette figure mythique m’a accompagné lorsque j’ai relu, il y a quelques jours le livre de la Genèse.
Un autre rapport au temps : le désert.
“Il y eut le déluge pendant quarante jours sur la terre …” (Livre de la Genèse 7,17)
Quarante jours de désert … Quarante jours dans l’arche … Quarante jours autrement.
Dans notre société moderne, ces 900 kms auraient pu s’effectuer en moins d’une journée. Une course avec pour seul objectif, le terme.
La marche ouvre un autre rapport au temps. Nous avons tous fait cette expérience : Lors d’une marche en montagne, par exemple, aux moments des pauses (après s’être restaurés et ré-hydratés), que faisons-nous ? Nous regardons tout le chemin déjà parcouru; les lacets par lesquels nous sommes passés, les obstacles que nous avons franchis, les difficultés sur lesquelles nous avons buté, … Ensuite, seulement, nous regardons le sommet que nous sommes bien décidés à atteindre.
Allégorie de toute vie humaine. Vie authentique, si nous ne cédons pas, comme nous l’enseigne la marche, à ces deux tentations :
- taire le passé, le trainer comme un boulet et renouveler ses erreurs
- se projeter dans l’avenir sans goûter l’instant présent (raison pour laquelle je n’ai jamais d’appareil photo : vivre l’instant présent sans penser au cliché à venir)
RELIRE SA VIE
- POUR ASSUMER SON PASSÉ
- POUR RENDRE PLUS FÉCOND L’INSTANT PRÉSENT
- POUR ENVISAGER SEREINEMENT L’AVENIR.
Un autre rapport à soi, aux autres, au monde ; une restauration.
Dans le récit de Noé, Dieu ne repart pas de zéro. Même si dans ce récit parabolique, toute vie a disparu de la surface de la terre, c’est bien Noé, ses enfants, … qui s’abritent dans l’arche.
Aucunement Dieu n’a renié sa création, Il la restaure. À travers la figure de Noé, Il la sauve, Il l’aime.
L’exemple du potier que Dieu donne à Jérémie (Livre de Jérémie, 18) est le plus éclairant. Jamais le potier, si sa réalisation ne convient pas exactement, ne se sépare du pâton originel. Il le reprend, il le “redescend” sur son tour, il le “remonte, lui redonne forme et vie. Il le fait avec délicatesse, avec tendresse, avec amour, avec … ses mains. Le travail du potier est un des rares métiers où il n’y a pas d’outil entre les mains et la matière. Telle est l’œuvre de Dieu !
La marche, longue et pénible, nous révélant misères et grandeurs, nous ouvre à cette restauration.
LE MONDE, AVEC SES LIMITES, EST L’OBJET DE L’AMOUR DE DIEU : IL MÉRITE LE NÔTRE.
Un autre rapport à Dieu : Une attente confiante.
“Noé lâcha d’auprès de lui la colombe pour voir si les eaux avaient diminué à la surface du sol. Elle revint vers lui dans l’arche, car il y avait de l’eau sur toute la surface de la terre …
Il attendit encore sept jours … Elle revint avec un rameau tout frais d’olivier dans le bec. Ainsi Noé connut que les eaux avaient diminué à la surface de la terre … Il attendit encore sept autres jours …” (Livre de la Genèse 8)
Me voici aux portes de Rome … Mercredi soir je verrai la Basilique St Pierre … Jeudi matin, j’irai sur les tombeaux de St Pierre et St Paul … La colombe est parti depuis quelques semaines vers le Pape François … Tel Noé, j’attends dans la confiance. Merci de rester en veille avec moi dans la prière, le silence, la contemplation, …
Le chemin ne fait-il pas que commencer ???
QUAND LE CHEMIN DEVIENT DIFFICILE, LA DIFFICULTÉ DEVIENT LE CHEMIN !
Mise a jour le 27.06.2024