Apparus dans les années 2000, les réseaux sociaux symbolisent l’émergence du « web2.0 », un mode d’utilisation d’internet qui met l’accent sur la participation active de ses utilisateurs. Perçus au départ comme une mode éphémère ou comme des plateformes réservées exclusivement aux plus jeunes générations, les réseaux sociaux sont devenus en quelques années incontournables et rassemblent désormais toutes les couches de la population. Ils sont devenus un canal incontournable du débat public.
Ma loge ne serait-elle pas, elle aussi, un réseau social ?
Ma loge est un réseau social parce qu’elle est « sociale »
Il nous faut traiter un grand nombre de réseaux sociaux pour ce qu’ils sont, des « réseaux asociaux » au sens littéral du terme : « Qui ne sont pas adaptés à la vie sociale, s'y opposent » Le premier acte éducatif et émancipateur serait de répéter sans cesse qu’ils ne véhiculent que ce qu’on y amène ... trop souvent de la me... !
Malheur quand ces réseaux asociaux sont, pour un très grand nombre d’entre-nous, la seule source d’information.
Même si la plupart d’entre eux sont rarement considérés comme un gain pour la démocratie (on les voit plutôt comme un véhicule pour les fausses nouvelles, les théories du complot et les messages de haine), à l’instar de nos Ateliers maçonniques, les réseaux sociaux ne permettent-ils pas :
aux plus timides se s’exprimer et d’être entendus ?
d’honorer la pluralité de paroles ?
un vrai partage au sein de la « communauté » ?
la possibilité d’ajouter des membres à son réseau, à sa liste d’amis ou de « suiveurs » ?
de faire entendre des voix dissonantes à la pensée unique ambiante ?
de créer liens, relations, reconnaissance et existences sociales ?
Ma loge est un réseau social parce qu’elle est sociale.
Ma loge est un réseau social parce qu’elle est non-violente.
Je suis et demeurerai le défenseur de la liberté d’expression à la manière de Voltaire : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Je ne suis pas forcément d’accord avec les caricatures de Mahomet -encore moins de les utiliser à n’importe quelle fin- mais je me battrai pour qu’elles soient publiées par ceux qui le désireraient.
Cette liberté que je défends et réclame, pourquoi la refuser sur les réseaux sociaux ? Un journaliste a le droit de caricaturer, de blesser et d’insulter. Pourquoi un citoyen n’aurait-il pas le droit d’user de ce même droit pour s’exprimer sur son média domestique et familier ? J’exclue, bien entendu, tous propos haineux, racistes et appelant au meurtre. Quoique ... Consciemment, certaines caricatures, elles aussi, portent cette volonté de blesser, de stigmatiser une partie de la population ou de cliver : les blancs contre les noirs, les homos contre les hétéros, les Juifs contre les autres, les gentils contre les méchants, les croyants contre les athées. ... Rien ne me dérange, seules la discrimination et la différence de traitement. Les musulmans radicaux n’auraient-pas aussi le droit, sur leurs réseaux asociaux, de caricaturer la société occidentale ???!!!
En tous cas, dans ma loge, ma manière de revendiquer, de me dire, de refuser, de m’opposer est respectueuse et non-violente. J’en veux pour preuve trois exemples :
notre manière « médiatisée » de demander la parole (elle évite toute réaction épidermique et violente)
notre travail incessant (notre obstination au travail est notre seule violence)
nos prises de parole en « je », qui, au lieu d’agresser l’autre, nous fait nous livrer aus Frères et Sœurs (je ne prends rien à l’autre, je me donne)
Ma loge est un réseau social parce qu’elle est non-violente.
Ma loge est un réseau social parce qu’elle est non virtuelle.
Trop souvent les réseaux sociaux ne font se rencontrer que des gens qui pensent de manière semblable, légitimant ainsi leurs idées et évitant le risque de la confrontation. Cet enfermement progressif dans des bulles où tous les amis avec qui vous réagissez sont d’accord avec vous diminue le sens de l’altérité. Vous ne comprenez plus, par exemple, pourquoi le Président de la République est légitime puisque tout le monde est contre lui dans votre groupe. La légitimité d’altérité se voit ainsi niée.
Dans ma loge, je rencontre des hommes et des femmes qui se livrent sans honte, ni calcul, ni camouflage.
Pas de pseudo : des hommes et des femmes concrets.
Pas de slogans, d’idées fermées voire d’idéologies : des hommes et des femmes bien réels.
Lors de nos retrouvailles au Temple, lors de la chaîne d’union, lors des agapes, ça sent l’Homme ! J’en veux pour preuve le goût d’inachevé que gardaient les tenues virtuelles mises en place par certaines loges, lors de la pandémie liée à la COVID-19.
Ma loge est un réseau social parce qu’elle est non virtuelle.
MA LOGE EST UN RÉSEAU SOCIAL PARCE QU’ELLE EST « SOCIALE », NON VIOLENTE ET NON VIRTUELLE.
Mais ce n’est pas parce que nous disposons des meilleurs outils que nous sommes les meilleurs !
Ma loge est asociale :
- quand, au nom d’une soi-disant fraternité, elle fait passer l’intérêt personnel avant le souci du bien commun (conflit d’intérêt, collusion entre loge et affaires privées, affairisme, …)
- quand, masculine, elle est rigoureusement fermée aux femmes, quand, féminine, elle est rigoureusement fermée aux hommes. Cette attitude sectaire n’est-elle pas préjudiciable à notre approche universaliste ?
- quand elle cultive l’entresoi, refusant la mixité sociale (capitation très élevée) et désireuse de préserver son caractère élitiste et son soi-disant pouvoir.
Nous n’aspirons pas au repos, la pierre brute est à peine dégrossie !
Mise a jour le 27.06.2024