J'aurais pu commencer en écrivant "Je fais le rêve ..." et poursuivre en énumérant savamment les souhaits pour une nouvelle république fraternelle, équitable et laïque. Ceux-ci, relevant plus de l'élucubration personnelle d'un être contraint à pleurer plus qu'à rêver, se trouvent supplantés par un questionnement incessant.
Pourquoi ce goût amer en cette période électorale où la démocratie et la souveraineté du peuple devraient être honorées ?
UNE CLASSE POLITIQUE AU-DESSUS DE LA JUSTICE ET DE L'ÉTHIQUE
Pourquoi une justice à deux vitesses ?
- Les politiciens français -députés et autres- sont plutôt discrets : ils se gardent bien d'accabler François Fillon. Tous profitent du système mettant la classe politique au-dessus des lois et de l'éthique.
- Christine Lagarde est reconnu coupable de négligence mais dispensée de peine. Le "responsable mais pas coupable" du sang contaminé n'est pas si loin !
- De même, sous d’autres cieux, le gouvernement roumain vote de nuit une loi atténuant un décret anti-corruption. Cette décision a généré de nombreuses et imposantes manifestations (du jamais vu depuis 1989 et la révolution !) Malgré le courage du peuple roumain, descendu dans la rue et obligeant le gouvernement à faire marche arrière, l'affront est prégnant.
- …
Que signifie encore aujourd'hui la séparation des pouvoirs ? A quand la même justice pour tous, à quand son indépendance ?
Ces revendications du XVIIIème siècle n'ont rien perdu de leur actualité et de leur pertinence. La révolution nous a été confisquée !
Nous avons soif d'égalité.
UNE DICTATURE QUI NE DIT PAS SON NOM : LE QUATRIÈME POUVOIR
Locke et Montesquieu, initiateurs du principe de "séparation des pouvoirs", et leurs successeurs ne pouvaient imaginer le pouvoir des médias. Ces derniers et leurs accointances avérées avec le pouvoir politique semblent galvauder ce principe même de séparation.
Trois éléments sur l'acharnement médiatique que subit le candidat Fillon nous questionne sur la dépendance de nos outils d'information :
- J'écris volontairement "le candidat" Fillon, tant les malversations éventuelles du citoyen ou de l'homme politique n'intéressaient pas les journalistes avant les primaires de la droite. Pourquoi ce timing ? Pourquoi, si la culpabilité de François Fillon n'est pas prouvée, retirer du choix des électeurs ce candidat promis à un avenir présidentiel ?
- Face à cet acharnement comparable à une véritable curée, osons-nous poser la question : À qui profite le crime ?
- Les preuves contredisant les accusations "d'emplois fictifs" ayant été remises à la justice, que fait-on de la présomption d'innocence ?
Il est répugnant que soit livrées au peuple qui s'en délecte de telles accusations outrageantes non vérifiées. Nous en faisons, malheureusement, l'expérience quotidiennement avec l’avènement des réseaux sociaux, devenus premier vecteur de circulation de l’information, vérifiée ou non.
Liberté de la presse et devoir de réserve sont-ils compatibles ? Quelle limite existe-t-il entre information et propagande ?
Comment les médias peuvent-ils retrouver plus de liberté, plus d’indépendance et donc leur vocation à informer ?
Toute réception de l’information impose au lecteur une exégèse.
Nous avons tous besoin d'éducation, source de liberté, d’esprit critique et d'émancipation.
UN BIPARTISME SCLÉROSANT
En France, nos regards sont tournés vers l'élection présidentielle. Celle-ci focalise le débat politique depuis déjà de nombreux mois, délaissant les préoccupations quotidiennes de la grande majorité des Français : se nourrir, se loger, se soigner ... vivre.
Telle concentration sur cet unique point de mire nous leurre. Nous oublions qu'à l'élection présidentielle succéderont, courant juin, les élections législatives.
Ces dernières sont d'une importance ... heureuse et inespérée !
Et ceci pour trois raisons.
- Un combat incessant contre le populisme :
Quels projets de loi soucieux de progrès social, respectueux des valeurs laïques, défenseurs des minorités et porteurs d'humanisme pourront être votés si un grand nombre de députés issus du Front National siègent au Parlement ? Combattre les idées véhiculées par les partis populistes ne connaît pas de limite : après l'élection présidentielle, à dimension nationale, le combat devra se poursuivre lors de scrutins à dimension plus locale.
- Un nouveau modèle à accueillir :
Quelle majorité parlementaire offrir à un Président qui ne se réclamerait d'aucun parti ? À celui qui ne cristalliserait pas l'ensemble des différents courants du parti dont il se réclame ? À celui qui serait élu par défaut ?
Ces élections législatives pourraient nous orienter vers un changement de paradigme, en imposant au Parlement un gouvernement de coalition.
- Un appel à la liberté de conscience :
Je me rappelle cette confidence d’un ami député (ex UMP), dans laquelle ce dernier me confiait ses difficultés à voter, selon les indications de son parti, contre le mariage pour les personnes de même sexe : son garçon vit depuis de longues années avec un compagnon !
Ce nouveau modèle parlementaire pourrait honorer la liberté de conscience de nos élus.
Finies les postures idéologiques ... Finis les votes imposés par les groupes parlementaires ... Finies les compromissions et l'allégeance au parti ... La seule obligation de fidélité, l'élu la doit à ses électeurs.
Il nous presse d'être représentés par nos élus; notre voix a besoin d'être portée.
Revendiquer cette liberté de conscience pour nos parlementaires est une chance pour la démocratie.
Moi qui pensais ne plus pouvoir rêver ...
Utopies ? Peut-être les vérités de demain.
Folie ? Je l'assume.
Vérité ? Elle n'existe pas, on ne peut que s'en approcher.
« Lorsqu’un homme rêve seul, ce n’est qu’un rêve ;
si beaucoup rêvent ensemble, c’est le début d’une nouvelle réalité »
(F. Hundertwasser)
Mise a jour le 27.06.2024