- Réponse au texte officiel du diocèse

Ces pages sont tirés du livre "Je suis chrétien et franc-maçon, où est le problème ," de Claude THOMAS, aux éditions Edilivre.



CHRETIEN ET FRANC-MAÇON : CONFRONTONS LES RAISONS D'UNE INCOMPATIBILITÉ

Avertissement
Dans ce qui suit, à partir d’un texte de la chancellerie du diocèse d’Annecy, je me propose de donner une réponse aussi claire et pertinente que possible, en ma qualité de chrétien et de franc-maçon sur la position de l’Église concernant les associations maçonniques et la franc-maçonnerie en tant qu’organe de pensée.
Chaque extrait du texte de l’Église (Chancellerie du diocèse d’Annecy) est précédé d’un intertitre : « Évêché d’Annecy », alors que ma réponse apparaît en italiques, précédée d’un intertitre : « Claude Thomas ».

Évêché d’Annecy
« Le code de droit canonique de 1983 ne fait pas mention expresse de la franc-maçonnerie, à la différence de celui de 1917, ce fait a pu être interprété comme un changement de position de l’Église.
Dans une note datée du 26 novembre 1983, la congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) précise que « le jugement de l’Église sur les associations maçonniques demeure inchangé… et l’inscription à ces associations reste interdit par l’Église », ceci en raison même de l’incompatibilité entre les principes de la franc-maçonnerie (FM) et ceux de la foi chrétienne. La CDF se situe au plan de la foi et de ses exigences morales étant donné que le fait d’adhérer à la FM met en cause les fondements de l’existence chrétienne. »

Claude Thomas
Cette note caractérise une position rigide et réfractaire à toute ouverture et ne peut que contribuer à encourager l’anticléricalisme. La FM n’a pas besoin de l’accord de l’Église pour exister comme l’Église n’a pas besoin de celui de la FM pour exister. Nous sommes des associations régies par la loi de 1901 (1). Les statuts associatifs respectifs, de l’Église et de la FM, offrent la liberté de choix en ce qui concerne leur domaine d’activité, à condition qu’il soit licite. À ma connaissance, la FM n’est pas illicite. Mais également, la FM ne met pas en cause l’existence de la foi chrétienne ou rejette tout adhérent ayant la foi chrétienne (comme tout autre foi d’ailleurs) ? Le fondement de l’Église chrétienne repose sur la foi du Dieu révélé Jésus-Christ.
Le fondement de la FM au sein de la Grande Loge de France est d’apporter à ceux qui sont en recherche de conception et de construction de sens, un cadre approprié où ils pourront :
• se construire pour construire le sens de leur vie ;
• offrir un espace de réflexion et d’action qui complète le sens de leur vie, sans jamais contredire ce qu’ils édifient par ailleurs aux plans familial, professionnel ou relationnel ;
• exercer sa liberté de conscience religieuse et citoyenne tout en respectant celle des autres : la Grande Loge n’oblige à aucune croyance ou à une pratique quelle qu’elle soit ;
• ni n’interdit la croyance ou pratique d’aucune religion, philosophie ou courants de pensée particuliers ;
• la Grande Loge de France ne se revendique d’aucune position politique particulière.
Nos travaux sont fondés uniquement sur la symbolique essentielle pour l’homme et son imaginaire, le symbole n’est pas une réponse complète à chaque cas particulier dans la pensée et de la pratique spirituelle. Il procure le développement de l’intimité spirituelle de chacun. Il élargit la conscience sans contrainte. L’homme atteint s’il en a la capacité une liberté complète. Il acquiert peu à peu une liberté d’analyse et de réflexion. La démarche maçonnique permet également une véritable approche de la foi, foi personnelle. Tout franc-maçon à l’entière liberté de vivre en esprit et en pensée sa conviction profonde. La FM tente de concilier la Foi et la raison par une voie initiatique qui donne accès à la notion du sacré, qui malheureusement aujourd’hui la perte du sacré et du vide spirituel voit la prolifération des sectes et des mouvements initiatiques douteux.
La spiritualité n’est pas un privilège réservé aux religieux.
(1) Pour l’Église, son statut en France, s’appuie sur celui des Associations diocésaines constituant un aménagement de la loi de 1901, respectant la structure dite « hiérarchique » des Églises diocésaines : présidence de droit de l’Évêque diocésain, regard sur la composition de l’association, etc. Toutefois le fonctionnement et la composition de ces associations ne correspondent pas à l’esprit de la loi.


Évêché d’Annecy
« Le relativisme est au fondement même de la FM. C’est le nœud même de l’incompatibilité, en raison des conséquences sur le contenu de la foi, l’acte de foi lui-même, l’agir moral et l’appartenance à l’Église Corps du Christ. »

Claude Thomas
Relativisme ? Non, la FM n’est pas dictée par une doctrine ou animée par perception relative des choses, mais par un chemin initiatique ou le franc-maçon se dépouille de ses faiblesses nuisant à son évolution d’homme libre et de bonnes mœurs. Effectivement, à l’ouverture des travaux, le franc-maçon laisse de côté tout a priori et peut se concentrer, l’esprit libre sur le travail symbolique proposé. Il s’agit avant tout, de réfléchir, comprendre, analyser et contribuer aux avancées des sujets abordés sans que cela altère tout acte de foi lui-même, l’agir moral et l’appartenance à une foi religieuse en dehors du temple.

Évêché d’Annecy
« Les francs-maçons nient la possibilité d’une connaissance objective de la vérité. On demande à un franc-maçon d’être un homme libre, qui ne connaît aucune soumission à un dogme, ce qui implique le rejet fondamental de toutes positions dogmatiques : « toutes les institutions qui reposent sur un fondement dogmatique et dont l’Église catholique peut être considérée comme la plus représentative, exercent une contrainte de la foi » (Lennhoff-Posner). »

Claude Thomas
Effectivement, un franc-maçon doit être libre et de bonnes mœurs. De bonnes mœurs, car respectant les lois établies morales ou confessionnelles prolongées par une conduite vertueuse, c’est-à-dire une conduite courageuse, tempérante, imprégnée de sagesse et de justice. Des manquements se sont produits dans les Églises comme en FM, doit-on condamner l’institutionnel ?
Ce n’est pas parce que l’on demande au franc-maçon d’être libre, qu’il refuse également un dogme. Le franc-maçon en dehors du temple est libre de son dogme. Dans le domaine de la vérité, chacun recherche son chemin pour l’atteindre. Le devoir d’un franc-maçon est la recherche constante de la vérité dans son intériorité pour se construire, puis d’apporter à l’extérieur ce qu’il a acquis.


Évêché d’Annecy
(Dictionnaire franc-maçon international, Vienne 1975, page. 374) On rejette tout dogme, au prétexte de la « tolérance absolue ».

Claude Thomas
Le dictionnaire aurait dû mentionner que le dogmatisme comme la politique sont exclus uniquement en loge. (Source conflictuelle)
La tolérance absolue ? La tolérance c’est accepter toutes les différences avec ses limites lorsqu’elle est menacée dans ses valeurs civiques ou morales.


Évêché d’Annecy
« Ainsi, le maçon soutient-il le primat de l’autonomie et de la raison par rapport à toute vérité. Il refuse l’idée même d’une révélation, les religions étant considérées comme tentatives concurrentes pour exprimer la vérité sur Dieu qui, en définitive, est inaccessible, inconnaissable. Chacun juge par lui-même de la vérité, et est à lui-même sa propre norme. Livrée à elle-même, la raison n’est plus adaptée à la recherche de la Vérité. Elle est sous le joug des idéologies ou des constructions subjectives. « En tout, c’est la raison humaine et la nature humaine qui restent souveraines », d’où l’argument, typiquement maçonnique : la liberté « absolue de conscience ». On ne trouve ou découvre, selon la FM, aucune connaissance objective de Dieu, en tant qu’être personnel. C’est l’opposé de la conception chrétienne de Dieu qui se révèle, entre en dialogue avec l’homme et la réponse de l’homme qui s’adresse à lui en le nommant Père et Seigneur. Le Concile Vatican II l’exprime en ces termes : « Il a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, ils accèdent dans l’Esprit saint, auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine. Dans cette révélation, le Dieu invisible s’adresse aux hommes en son immense amour ainsi qu’à ses amis, il s’entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie » (D.V.2). Les dogmes dans l’Église sont des expressions de la foi reçue des apôtres. Il ne s’agit guère de formulations arbitraires, closes sur elles-mêmes. Ils sont des balises qui indiquent le mystère du Christ, « Le chemin de la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Ces « définitions » de foi nous sont données pour éclairer notre intelligence et rendre raison de notre foi. »

Claude Thomas
Si je comprends correctement ce qui est exprimé, vous ne croyez pas que la Foi soit « un dogme » mais bien une révélation, et ensuite il est incongru de faire appel à l’intelligence pour expliquer la Foi, c’est totalement incompréhensible. La portée d’éclairage d’une lampe à huile sera fonction de la qualité de son huile, l’éclairage de l’intelligence sera fonction de ses qualités humaines et spirituelles. J’ai constaté au cours de mon vécu, que l‘intelligence ne s’apprend pas dans les livres ; l’intelligence, c’est savoir écouter avant d’agir dans un esprit de justice.

Évêché d’Annecy
« En soutenant le primat et l’autonomie de la raison par rapport à toute vérité révélée, l’homme prétend se perfectionner sans cesse lui-même. En s’appuyant sur son pouvoir auto-créateur. Selon la « philosophie » franc-maçonne, l’homme peut se passer de salut. Or l’Évangile est l’heureuse promesse du Salut : le chrétien attend et reçoit le salut de la grâce miséricordieuse de Dieu, en la personne de Jésus qui précisément est le Sauveur (Jésus = « Dieu sauve ») « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (Éph. 2,8) »

Claude Thomas
Aucunement la foi en l’homme n’entrave la foi chrétienne, notre philosophie est que l’homme est perfectible, tous n’ont pas été touchés par la grâce. L’homme naît nu sans défense dans un lieu non choisi, son éducation profane et spirituelle sera différente selon son lieu de naissance, avec l’héritage de l’évolution des siècles passés ou dans un lieu archaïque.

Évêché d’Annecy
« Sur le plan éthique, les différences sont considérables, pour le franc-maçon, les règles morales sont appelées à évoluer sans cesse sous la pression de l’opinion et des progrès de la science. La morale évolue au gré du consensus des sociétés. S’il est exact que l’homme se situe toujours dans une société particulière, toutefois l’homme n’est pas tout entier par cette culture, pas plus qu’il n’est le « produit » d’une culture. Il existe en l’homme quelque chose qui transcende les cultures : ce que la foi chrétienne exprime en affirmant que « l’homme est créé à l’image de Dieu ». La franc-maçonnerie conteste toute autorité morale et doctrinale, misant sur l’autonomie individuelle, écartant les arguments d’autorité, et exigeant une absolue liberté de conscience. C’est finalement le règne du « MOI » ! Et la domination du relativisme. »

Claude Thomas
Comment la franc-maçonnerie contesterait toute autorité doctrinale en acceptant la domination du relativisme qui se trouve être doctrinale. Par contre, rien n’interdit d’étudier les théories philosophiques fondées sur la relativité des connaissances. Ces philosophes ne sont-ils pas à l’origine de nos civilisations. Les ignorer serait un non-sens. S’informer n’est pas accepter. Quant au règne du « MOI », celui-ci est un travail personnel nous permettant de transmettre et de s’ouvrir vers l’extérieur.

Évêché d’Annecy
« Les différentes confessions religieuses auxquelles appartiennent les adhérents sont considérées comme secondaires par rapport à l’appartenance plus englobante et supra confessionnelle à la fraternité maçonnique : ce qui conduit invariablement à tout apprécier et juger d’un point de vue maçonnique… »

Claude Thomas
L’appartenance supra confessionnelle est rassemblement et non englobante, elle intègre les différences, permettant une analyse objective et sans a priori pour l’évolution de l’homme.

Évêché d’Annecy
« Sans s’en rendre compte, l’engagement au sein de la franc-maçonnerie, transforme l’acte de foi chrétien. Il ne peut être neutre : les rites initiatiques dans le secret des loges produisent inévitablement leurs effets sur les membres, les revendications de la liberté absolue de conscience « sont le produit de la doctrine » relativiste qui s’impose progressivement à l’insu des intéressés. »

Claude Thomas
Des hommes célèbres ont œuvré au sein de la franc-maçonnerie au cours des siècles, et s’y sont inscrits avec leurs personnalités, opinions, convictions, croyances… : Victor Schœlcher, George Washington, La Fayette de Brazza, Montesquieu, Mozart, et bien d’autres. Pour les autres, illustres inconnus d’hier et d’aujourd’hui comme de demain, il en est de même. Tous ont œuvré et œuvrent en faveur du bien-être humain aux plans individuel et collectif. Les juger comme ayant œuvré sous l’emprise de la doctrine relativiste, sans s’en rendre compte, est une hérésie.

Évêché d’Annecy
« La franc-maçonnerie revendiquant pour ses membres une adhésion totale, il est évident que la « double appartenance » est impossible pour un chrétien qui « appartient au Christ » (Rom 14,8)».

Claude Thomas
La franc-maçonnerie n’impose aucune doctrine ni d’adhésion inconditionnelle à ses membres. Chacun est libre de penser et de s’exprimer en toute liberté. Elle trace par l’initiation, le chemin de la construction de son intériorité, combattre ses passions en homme libre. La recherche de la Vérité peut emprunter différents chemins et l’on peut ne pas être pratiquant ou même être athée et pourtant, appliquer tous les Principes enseignés par Jésus.

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Mise a jour le 27.06.2024