La vie politique française est malade
Nos Institutions, en général, et les élections législatives de dimanche dernier, en particulier, ont confirmé ce diagnostic.
Ces dernières sont un déni de la démocratie représentative.
UN TRIPLE CONSTAT
1. Notre régime est devenu un régime hyper-présidentiel, contraire aux intuitions mêmes de la Vème République. Trois exemples parmi tant d’autres :
a. Le président Sarkozy qualifiait le premier ministre Fillon de collaborateur !
b. Le président Macron a reçu le 10 juin dernier les syndicats à l’Elysée : Quid de la premier ministre ? Quid du ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion ?
c. Le président en partance pour la Roumanie appelle, depuis le tarmac, le peuple français à lui donner une majorité forte. N’est-ce pas le rôle de la premier ministre ?
2. L’Assemblée Nationale est devenue une chambre d’enregistrement. Les députés affiliés pour la plupart à un Parti, sont donc liés à celui-ci : ils ont sacrifié leur liberté sur l’autel de la notoriété. Ils ne représentent plus le peuple, mais les idées d’un Parti. Le Parlement n’est plus un lieu de débat. Nous ne sommes plus en régime parlementaire.
3. Notre mode de scrutin participe pour beaucoup à la frustration démocratique et la crise de la représentativité. 25% des voix au premier tour pour la coalition NUPES lui offrent 20 à 25 % des sièges ; 25% des voix au premier tour pour la coalition Ensemble lui offrent 60% des sièges !!! A quand la proportionnelle ?
DEUX EXEMPLES PERSONNELS
1. Un ami député (dont je tairai le nom et la circonscription dans laquelle il avait été élu) siégeait, sous les couleurs de l’UMP, lors du vote de la loi autorisant le mariage pour les personnes de même sexe (17 mai 2013). Défenseur, pour des raisons personnelles, des droits des personnes homosexuelles, il s’est trouvé dans l’obligation de voter, selon les indications de son Parti, contre cette loi !
Quand retrouverons-nous des députés indépendants ???
2. Une candidate aux prochaines députations, soucieuse de donner une forte majorité à la coalition Ensemble ose affirmer concernant la coalition NUPES : « Je ne crois pas en une telle adhésion à des propositions anti républicaines qui mettent en péril l’économie et la démocratie du pays ». Quid de ces propositions anti républicaines ? Ne pas croire en une telle adhésion revient à faire preuve d’un grand aveuglement. Le vote NUPES n’est pas un vote par défaut ; d’autres possibilités étaient offertes lors de ce premier tour : il s’agit d’une véritable adhésion pour plus de 25% des électeurs ! Le nier c’est mépriser ces électeurs ; le nier, c’est refuser le débat.
Une majorité absolue pour Ensemble serait aussi catastrophique qu’une majorité absolue pour la NUPES : nous avons besoin de ce débat d’idées.
Quand retrouverons nous « la culture du débat » ?
UNE CONVICTION : LA PROPORTIONNELLE
L’abstention, battant record sur record, nous la réclame et nous y oblige
- Si nous ne voulons pas que la rue soit le seul mode d’expression (70% des moins de 30 ans ne se sont pas rendus aux urnes le 12 juin dernier !),
- Si nous ne voulons pas aggraver le sentiment de défiance vis-à-vis de nos institutions,
- Si nous ne voulons pas que notre pays soit conduit avec une majorité ayant reçu le soutien de 25 % des votants et 15 % des électeurs inscrits sur les listes électorales,
- Si nous voulons remédier au problème de représentativité de l’Assemblée Nationale, que chacune des grandes forces politiques soient représentée à sa juste mesure,
- Si nous croyons que les coalitions parlementaires garantissent la légitimité des lois votées par la majorité,
- Si nous croyons à la « culture du débat »,
- …
Alors nous sommes prêts à la proportionnelle, présente dans le programme du candidat Macron en 2017, et finalement jamais adoptée.
Mise a jour le 27.06.2024