LE SILENCE SUSPECT DES RELIGIEUX …
La campagne électorale bat son plein.
Son extrême rapidité laisse vraiment peu de temps au recul, à la réflexion, à la prise de distance.
Dommage …
Jamais de telles accusations « parti islamophobe … parti raciste … parti antisémite … » n’avaient été aussi largement proférées.
Sans vouloir entrer dans le débat politico-électoraliste, où déjà nombreux s’y engouffrent, je porte depuis longtemps, certainement depuis trop longtemps, une question qui demeure inexorablement sans réponse :
Pourquoi les institutions religieuses et leurs responsables, plutôt modérés, n’interviennent-ils pour condamner les extrémismes qui les gangrènent ?
Leur silence n’aurait-il pas des relents de complicité ?!
Leurs prises de paroles deviennent impératives et urgentes.
Ne dit-on pas « balayer devant sa porte » ?
Et si chacun faisait sa part ?
Une exigence commune !
Il est toujours malaisé de se situer en donneur de leçon .. surtout lorsque sa propre tradition, catholique en l’occurrence, maintient encore trop souvent ses fidèles dans l’infantilisme.
Les exemples sont malheureusement pléthores :
Quand l’Eglise fera-t-elle appel à la conscience, à la responsabilité de ses fidèles ?
Quand l’Eglise acceptera-t-elle une pluralité d’interprétation des textes de l’Ecriture, du Magistère ?
Quand l’Eglise redeviendra-t-elle fidèle à l’Evangile ?
1. J’ose cependant interpeler nos frères et sœurs musulmans et particulièrement ceux qui ont la responsabilité d’une communauté de croyants.
Ce que je demande à mon Eglise, je le demande aux communautés se réclamant de l’Islam ; ce que je demande aux pasteurs de mon Eglise, je le demande aux imams et responsables de communautés musulmanes.
Que les imams osent clamer haut et fort que :
- Il existe une diversité des interprétations de l'Islam. Une lecture historico-critique du Coran et de la Sunna est indispensable face aux fondamentalistes et nécessaire pour faire entrer l'Islam dans le XXIème siècle (pourquoi est-il si difficile dans les mondes musulmans de procéder à un aggiornamento ?).
- Porter le voile, le burkini ou l’abaya doit rester une décision libre. Que certaines musulmanes le portent ne doit pas suggérer aux autres femmes musulmanes qu'elles doivent le porter. Il n'existe pas dans l'Islam de modèle commun auquel il faudrait se soumettre.
- Pour éviter l’amalgame, souvent décrié, entre Islam et Islamisme, il nous faut répondre à cette question incontournable : Qu'est-ce qui, dans l'Islam, permet, nourrit, justifie l'islamisme ?
2. J’ose cependant interpeler nos frères et sœurs juifs et particulièrement ceux et celles qui ont la responsabilité d’une communauté de croyants.
Ce que je demande à mon Eglise, je le demande aux communautés se réclamant du judaïsme ; ce que je demande aux pasteurs de mon Eglise, je le demande aux rabbins et responsables de communautés israélites.
Que les rabbins osent clamer haut et fort que :
- On ne peut pas rester attachés à la République française et ses valeurs en défendant systématiquement la politique israélienne.
- Une lecture littéraliste de certains passages de l’Ancien Testament et un biblicisme défendant le Grand Israël sont désuets et galvaudent l’excellence de la culture juive.
- Si le sionisme des débuts était un nationalisme moderne, laïc, de gauche et pragmatique, les sionistes religieux l’ont, aujourd’hui, perverti et prostitué. Le mouvement sioniste religieux est traversé par différents courants dont les deux plus extrémistes : celui d’un « terrorisme juif » (ultranationalisme, colonisation, violence, éradication des Palestiniens, actes terroristes …) et celui attaché au nationalisme fondamentaliste (réfractaire à la démocratie, favorable à la théocratisation de l’armée, raciste, homophobe, …).
Il n'y a pas de communauté musulmane, chrétienne ou juive en France.
Il n'y a que des citoyens !
Certains d'entre eux partagent la foi musulmane, d’autres la foi chrétienne ou la foi israélite, d’autres n’en partagent aucune, d’autres …
Il existe de nombreuses communautés musulmanes, de nombreuses communautés chrétiennes, de nombreuses communautés juives … communautés de proximité (géographique, ethnique, ...), de prière, de réflexion, ...
Un discours politisé, faisant de l'Islam, du Christianisme ou du Judaïsme une communauté à part, est source de conflit. Plus une religion est politisée, plus elle nourrit la conflictualité.
Mes frères imams, mes frères et sœurs rabbins, peut-être encore trop timides, c'est ici que vous êtes attendus :
Vos fidèles attendent votre parole. Pourvu qu'elle soit plurielle !
Vous avez pour mission d'accompagner vos communautés à découvrir une pluralité d'interprétation du message que porte fièrement votre tradition.
Nous sommes à vos côtés dans cette triple exigence qui nous est commune :
- Exigence de LIBERTE : Libérer tous les Hommes (hommes et femmes !) de l'obscurantisme.
- Exigence d’EGALITE : Faire appel à la conscience et à la responsabilisation de chacun, c’est ne laisser à personne le droit de décider pour les autres. Le droit de choisir doit être garantit pour tous.
- Exigence de FRATERNITE : Permettre de goûter, dès ce monde-ci, la Paix promise par le Créateur. Nous ne pouvons pas laisser vos deux religions se dresser sans cesse l’une contre l’autre. Vous êtes et serez les seuls garants du vivre ensemble.
Mise a jour le 27.06.2024