- La tyrannie de la connerie

Texte paru sur la feuille paroissiale de Thonon les Bains / sept. 2020

"La tyrannie de la peur.

Quelques amis prêtres se lamentent qu'une partie de leurs fidèles ne soit pas revenue à la messe depuis le confinement. En effet beaucoup de chrétiens préfèrent aujourd'hui rester le dimanche devant leur écran de telévision. Ils regardent la messe du " Jour du Seigneur » et se disent que c'est plutôt agréable de voyager ainsi chaque dimanche à travers la France, de changer de paroisse, de chorale, de prédication...
Mais s'ils ne sont pas revenus c'est surtout parce qu'ils ont peur. Dans les médias, depuis plusieurs mois, un seul sujet : le Covid-19 et avec lui, une tyrannie de Ia peur. S ils ont peur, c'est aussi parce qu’ils ont oublié qu'un jour, il va bien falloir mourir.
Depuis longtemps, trop peu de prêtres ne leur ont parlé de la mort de l’exigence de s'y préparer, de Ia possibilité du purgatoire ou de l’enfer. Par contre, ils ont entendu Michel Polnareff chanter « On ira tous au paradis » : C’est devenu pour eux « parole d'évangile » le plus tard possible. Dès lors, puisque Ie paradis est la destination obligatoire et forcée et que l’on ne craint donc plus la possibilité d'une éternité sans Dieu, quelle est la seule crainte qui perdure ?
Celle d’attraper le virus . . .
Pourtant frères et sœurs , relisons l'Evangile ! Le Seigneur Jésus nous a prévenus : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l'âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l'âme aussi bien que le corps. " (Mt 10,28)

Que penser des maisons de retraite qui interdisent aux personnes âgées de recevoir les derniers sacrements ? Que penser du fait que dans les établissements catholiques, les seules choses supprimées soient les célébrations religieuses ?
Que penser des bénitiers vides alors que l’eau dûment bénite est principalement proposée aux fidèles pour chasser les maladies ? Que penser encore des piscines fermées à Lourdes, lieu de tant de guérisons miraculeuses où tant de malades se sont plongés dans la même eau sans iamais contaminer personne ?

La Vierge Marie, également, à la suite de son Fils, nous a prévenus : « Beaucoup d'âmes vont en enfer parce qu'elles n ont personne qui se sacrifie et prie pour elles » (apparition à Fatima)
Bien sûr, face au virus, iI ne s'agit pas de prendre des risques inutiles mais que penser du fait de se priver de la Communion par peur de la maladie ?
Le toupeau se disperse à cause de cette tyrannie de la peur et ces règles sanitaires. Ne nous laissons diviser. Même les médecins ne sont pas d'accotd entre eux. Gardons la paix du cœur et la liberte de l'âme.
Demandons toujours davantage dans la prière la grâce du discemement pour faire la volonté de Celui « qui peut faire périr dans la géhenne l'âme aussi bien que le corps. » (Mt 10,28)"


Père Alain Curral






Certains propos invitent au silence; d’autres obligent une parole. Ceux de Monsieur Curral se situent dans la deuxième catégorie. Ils me sortent de mon sommeil et m’obligent à un droit de réponse :

LA TYRANNIE DE LA CONNERIE


Pas étonnant qu’en lisant de tels propos les fidèles préfèrent regarder la messe à la télé !
Monsieur Curral a raison : Le troupeau se disperse à cause de la tyrannie ... de la connerie. Des brebis égarées par faute de pasteur écrivait le prophète Ezéchiel au VIème siècle av. J.-C.; des brebis égarées, aujourd’hui, par la faute des pasteurs.

Monsieur Curral combat la tyrannie de la peur. Pourquoi pas ?
Mais évoquer la possibilité du purgatoire et de l’enfer ne fait-il pas appel au même ressort : celui de la peur ? Il emploie lui-même le mot « crainte » !
Quelle incohérence !

Se priver de la communion par peur de la maladie ??? Quel scandale !!! Je partage son indignation.
Mais, autre incohérence, bien avant l’apparition de la COVID-19, pourquoi la communion refusée aux personnes divorcées-remariées n’était-elle pas source de scandale ? La COVID-19 prive de la communion tout autant que la bêtise, le manque d’esprit évangélique et de charité de l’Eglise.

A la tyrannie de la peur, s’ajoute la tyrannie de la connerie !


Comment combattre cette tyrannie :
- S’offrir un droit de réponse
- Faire entendre une autre voix
- Ouvrir à une pluralité de lectures pour contrer les extrémistes de tout genre tel Monsieur Curral


1. Un manque de respect
Cette peur de la COVID-19 n’est-elle pas légitime pour ceux et celles qui ont perdu un proche ? Stigmatiser cette peur est un manque de respect et de compassion.


2. Un mépris de l’écriture
Donner aux paroles d’une apparition mariale le même poids que les paroles évangéliques révèlent une piètre manière de lire les Écritures.


3. Une malhonnêteté intellectuelle
Nous pouvons trouver dans les Écritures certains textes justifiant les propos de Monsieur Curral. Mais il s’agit d’une lecture malhonnête. Et ceci pour 3 raisons :
o une lecture partielle donc partiale
o une lecture univoque faisant fi du principe de globalité indispensable pour qui veut entrer dans l’intelligence des Écritures
o une manière de penser qui se veut être la seule ... et la bonne !!!

S’il y a plusieurs Évangiles, c’est pour éviter une seule lecture du même Mystère du Christ et d’enfermer ce qui devrait être une Bonne Nouvelle dans quelque chose de malsain et de vieux.
La pluralité de lecture demeure une exigence pour qui veut pénétrer les Écritures.
Une lecture univoque ferme des portes; une lecture plurielle ouvre les fenêtres, comme le dit un proverbe portugais, certainement emprunté à Cervantes : « Quand une porte se ferme, il y a toujours une fenêtre qui s’ouvre ».

Une porte fermée :
- Faire planer Ia possibilité du purgatoire (qui n’a jamais existé comme lieu, mais plutôt comme adjectif) ou de l’enfer
Une fenêtre ouverte :
- Évoquer l’enfer comme une bonne nouvelle ! Celle qui respecte la Liberté de l’Homme, même face à Dieu et à son offre de salut.

Une porte fermée :
- Evoquer le paradis comme récompense ?!
Une fenêtre ouverte :
- Les textes du Nouveau Testament n’ont de cesse de nous révéler la gratuité du salut. Nos actes n’obligent pas Dieu au Salut: ils ne sont qu’une pâle réponse à son
amour inconditionnel.

Nous n’avons décidément pas la même image de Dieu.



Heureusement Monsieur Curral a 90 ans !
Il mérite notre indulgence : Il n’a jamais su qu’il y avait eu Vatican II et n’a jamais saisi le message évangélique.
Ne voyez aucune forme de mépris; « je suis très économe de mon mépris », comme le dit Chateaubriand, « il y a tellement de nécessiteux ... » !





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Mise a jour le 27.06.2024