Le 10 octobre dernier, j’envoyais un courrier au Pape François.
Trois raisons motivaient cette reprise de contact.
- Ma requête de justice demeure toujours d’une actualité cuisante.
- Le silence comme seule réponse à mes demandes semble contredire l’audace, le courage et la liberté de parole qui caractérisent le ministère du Pape François.
- Celles et ceux qui partagent cette double appartenance, j’en suis le témoin grâce aux nombreuses conférences et rencontres vécues, sont en attente d’une parole du Pape François. Ils ne peuvent se contenter d’un document romain qui leur semble désuet.
Je partageais ce courrier avec le Cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, et Monseigneur Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des Évêques de France, les invitant au dialogue :
"La médiatisation de « mon histoire » étant désormais inexistante, l’occasion ne nous est-elle pas offerte pour envisager sereinement la possibilité d’un chemin ensemble ?
L’Eglise ne pourrait-elle pas, à son tour, engager le dialogue ?
Ne faudrait-il pas distinguer Franc-Maçonnerie et franc-maçonneries, tant elles peuvent être différentes suivant leur espace géographique, leur contexte historique ou géopolitique comme nous distinguons parfois Eglise et églises locales ?
Le temps n’est-il pas venu pour notre Eglise de se réapproprier mon dossier ?
Je n’éprouve aucune rancœur pour le père Boivineau, même pas sur la manière dont il a organisé ! mon départ, mais plutôt de la compassion :
Il n’a, d’après moi, pas été à la hauteur de « cet évènement ».
Sa soumission servile au courrier de Rome et sa peur du scandale ne lui ont pas permis de s’entourer de meilleurs conseillers.
Le temps n’est-il pas venu, sans lui causer préjudice, de répondre à ma requête ?"
Cinq mois plus tard, aucune réponse ... ni de Rome, ni de Lyon, ni de Marseille ...
Je veux me rappeler, aujourd’hui, à leur bon souvenir.
Mon Frère Philippe,
Je me permets de t’appeler « mon frère » : Ne partageons-nous pas le même sacerdoce ? Au-delà de celui de prêtre, celui de baptisé.
Je renouvelle mon courrier de l’automne dernier.
Merci pour ton silence ! Je ne suis pas étonné mais déçu.
Je n’attendais pas une parole libre et courageuse, toujours absente dans l’Eglise, mais au moins une parole fraternelle. Ne serait-ce, à minima, qu’un accusé de réception …
Rien …
La question me hante depuis cet automne : Pourquoi aucune réponse de ta part ?
Je ne te cache pas que plusieurs éléments de réponse me sont apparus.
- Peut-être n’ai-je pas commis de gestes « inappropriés » pour avoir droit à ces égards espérés et pour être accueilli, par exemple, dans le diocèse de Grenoble ?!
- Peut-être n’as-tu pas le courage de confirmer la sanction (une peine "médicinale" comme ils disent !) dont je suis victime parce tu ne la cautionnes pas ? Ne connais-tu pas d’ailleurs des prêtres de ton propre diocèse partageant cette double appartenance ?! Te voilà cohérent : Tu refuses d’être au garde-à-vous, le petit doigt sur la couture du pantalon.
- Peut-être souscris-tu à cette sanction ... Alors assume-le et ouvrons le débat ! Montre-moi, en quoi la vie en Christ et la voie maçonnique sont incompatibles :
o Pourquoi alors l’Evêque d’Annecy, connaissant ma double appartenance, me laisse en paroisse pendant 2 ans, jusqu’au courrier de Rome ?
Pas si grave d’être Franc-Maçon !
Tu me diras, l’Eglise a cette sale habitude de couvrir ... même des crimes relevant des assises.
o Pourquoi te fais-tu défendre par un avocat dont les qualités maçonniques sont connues et reconnues ?
Pas si grave d’être Franc-Maçon quand il s’agit de se refaire une virginité !
Contrairement à de nombreux fidèles chrétiens, ces incohérences ne me scandalisent plus ! Je n’attends même plus de réponse de ta part.
Malgré ma volonté de dénoncer et de condamner certaines pratiques dans notre Eglise (je sais, à l’invitation du Christ, distinguer l’homme pécheur du péché), seule la compassion, dans son sens noble de « souffrir avec », habite mon cœur et m’invite à te poser cette question fraternelle : Comment fais-tu pour vivre dans cette incohérence ? :
- Couvrir des prêtres coupables d’acte de pédophilie afin de les soustraire à la justice des hommes
- Couvrir des prêtres francs-maçons dans ton diocèse afin de les soustraire à la justice de l’Eglise
Le temps liturgique du Carême n’est-il pas celui de l’écoute ravivée, de la cohérence recherchée, des choix assumés, de la fraternité recouvrée, ... ?
Je l’ai toujours envisagé de cette manière.
Je te souhaite alors une belle montée vers Pâques.
Fraternellement,
Pascal
Mon Frère Georges,
Je me permets de t’appeler « mon frère » : Ne partageons-nous pas le même sacerdoce ? Au-delà de celui de prêtre, celui de baptisé.
Je n’ose même pas penser que tu aies volontairement refusé de répondre à mon courrier de l’automne dernier.
La Poste nous réservant parfois des surprises !, je me permets de te le renvoyer avec, cette fois-ci, un accusé de réception.
Ma naïveté n’étant cependant pas illimitée, je me mets à penser que le temps du Carême est peut-être plus opportun pour obtenir une réponse de ta part.
Ce temps n’est-il pas celui de l’écoute ravivée, de la cohérence recherchée, des choix assumés, de la fraternité recouvrée, ... ?
Je l’ai toujours envisagé de cette manière.
La question me hante depuis cet automne : Pourquoi aucune réponse ?
Je ne te cache pas que plusieurs éléments de réponse me sont apparus.
- Peut-être n’ai-je pas commis de gestes « inappropriés » pour avoir droit à ces égards espérés et pour être accueilli, par exemple, dans le diocèse de Grenoble ?
- Peut-être n’as-tu pas le courage de confirmer la sanction (une peine médicinale comme ils disent !) dont je suis victime parce tu ne la cautionnes pas ? Te voilà cohérent : Tu refuses d’être au garde-à-vous, le petit doigt sur la couture du pantalon.
- Peut-être souscris-tu à cette sanction ... Alors assume-le et ouvrons le débat ! Montre-moi, en quoi la vie en Christ et la voie maçonnique sont incompatibles :
o Pourquoi alors l’Evêque d’Annecy, connaissant ma double appartenance, me laisse en paroisse pendant 2 ans, jusqu’au courrier de Rome ?
Pas si grave d’être Franc-Maçon !
Tu me diras, l’Eglise a cette sale habitude de couvrir ... même des crimes relevant des assises.
o Pourquoi l’Archevêque de Lyon se fait-il défendre par un avocat dont les qualités maçonniques sont connues et reconnues ?
Pas si grave d’être Franc-Maçon pour se refaire une virginité !
- …
Pourquoi ne pas reprendre les points « doctrinaux » édités par le diocèse d’Annecy, en mai 2013, qui prétendaient justifier ma condamnation. L’Evêque d’Annecy, lui-même a reconnu la maladresse de ce document. Les pistes de travail sont nombreuses : Relativisme comme attitude préalable à tout dialogue interreligieux … Raisons du caractère secret de sociétés diverses (Franc-Maçonnerie, Opus Dei, …) … Liberté et Institution … Rapport Foi et Raison …
Le travail est énorme. Il exige une volonté.
En tous les cas, la fraternité t’invite à une réponse. Si tu penses que mon irruption dans ton ministère est maladroite, irrespectueuse et infondée oublie-moi. Mais pense, s’il te plaît, à tous ces Chrétiens qui partagent, comme moi, cette double appartenance : ils attendent une parole, ils attendent ta parole.
Merci pour ton retour.
Belle montée vers Pâques.
Fraternellement,
Pascal
Mise a jour le 27.06.2024