- Sans tambour ni Trump...ette !

Mercredi 9 novembre 2016 …
L’Europe se réveille, croyant encore un mauvais rêve : Donald Trump, nouveau président des Etats-Unis !
Mais que s’est-il passé ?
Quelques semaines plus tard, quel regard pouvons-nous porter sur cette élection ?
Quelle(s) leçon(s) pouvons-nous en tirer ?



LA VICTOIRE DE LA DEMOCRATIE

Même fragile, ou plutôt fragilisée, la politique demeure une chance.
Si nous n’avons plus confiance en la politique, surgira l’anarchie qui, bien souvent, fait le lit à la violence. Pas la violence verbale qui préside aux campagnes électorales, mais la violence physique.
Cette violence demeure bien souvent le premier mode de règlement des conflits. Grâce à la politique, ceux-ci se règlent par la voie des élections, nos différends par le chemin des institutions.
Et cela n’a rien d’évident
Même le vote pour des partis des extrêmes peut, sous certaines conditions, être considéré comme une chance ! Il représente une alternative sur le terrain politique ; il demeure le dernier exutoire qui empêche la violence.
C’est la victoire de la démocratie !



LA DEFAITE DE LA DEMOCRATIE

Une lecture des derniers événements voudrait nous faire croire que le peuple est souverain et que le chemin des urnes lui permet de manifester ses envies qui ne sont pas toujours celles des élites.
Victoire de la démocratie ?
- Et pourtant, le peuple semble encore plus manipulable qu’hier. Il se laisse leurrer par des
ressorts triviaux dont abusent à escient les extrémistes. Sans prétendre être exhaustif, malheureusement !, je ne veux citer que le hongrois Orbàn, le polonais Kaczýnski, le turc Erdogan, le russe Poutine, le chinois Xi Jinping, … Je peux ajouter des évènements historiques récents : les élections en Autriche, le Brexit, l'élection de Donald Trump, ...
- Et pourtant, l’abîme n’a jamais été aussi profond entre l’appareil et le peuple. La
mondialisation (libéralisme économique et politique) bénéficie aux seules élites et constitue une opportunité pour s’enrichir.
- Et pourtant le peuple n’a jamais eu aussi peu de pouvoir. Démocratie ne signifie-t-elle pas
« le peuple a le pouvoir » ?! Sa demande de protection auprès des élites n’est jamais honorée.
Comment peuvent-elles entendre cette demande sans risquer de perdre leur suprématie ?
- Et pourtant promesses électorales et mensonges sont trop souvent synonymes.
Donald Trump n'a aucun scrupule à piétiner la confiance que lui ont accordée ses électeurs en relativisant voire en réduisant à néant ses promesses de campagne (le mur entre Mexique et Etats-Unis est tombé avant d'être érigé, l'obamacare est réhabilité, la présentation de Hilary Clinton devant la justice est abandonnée, ... et combien d'autres paroles non honorées ...)
Les promesses de François Hollande se sont vite avérées aussi être des mensonges. Élu sur des
promesses, il devrait se représenter devant les Français : nous serions alors amenés à juger son action
politique sur son bilan. Les Présidents sortants devraient être constitutionnellement obligés d'affronter
les suffrages du peuple à la fin de leur mandat : Voilà un signe de bonne santé démocratique.
- Et pourtant, la démocratie n’est pas garantie par le fait que se tiennent des élections : des
élections ne se tiennent-elles pas en Corée du Nord ?! Seules l’éducation, la liberté de la presse et l’indépendance des moyens d’information garantissent la démocratie.



UN TRIPLE "CHANTIER" POUR AUJOURD'HUI

1. Exercer notre responsabilité.
Nous nous laissons bercer par de nombreux mensonges. Trop respectueux de nos capacités intellectuelles, je n'ose imaginer que notre seule naïveté soit responsable de cette crédulité.
Trump et consorts n’ont pas inventé la xénophobie, le racisme ou l’ostracisme : ils surfent sur nos peurs et nos désirs cachés.
Notre duplicité, nos lâchetés et nos compromissions sont au service des démagogues de demain !
Nos silences complices face au sexisme, à la xénophobie, à l'homophobie, au rejet de l'étranger, ... sont une injure aux valeurs de la République que nous défendons.
N’est-il pas urgent de reprendre conscience de notre crédulité et de notre responsabilité ?

2. Fonder un nouveau contrat social.
Le populisme naît quand il n’y a plus de projet pour les hommes, pour les ouvriers, pour le peuple.
Nos gouvernants sont alors interpelés par leurs électeurs sur une double revendication :
- Menacés dans leur emploi par la mondialisation (délocalisation, …), menacés dans leurs habitudes et leurs modes de vie par une immigration de masse, les citoyens réclament des protections et des sécurités.
- Oubliés dans les annonces politiques relatant les aides apportées aux populations migrantes ou réfugiées, oubliés dans la répartition de ces aides financières, les citoyens deviennent réfractaires à la dynamique d’intégration. L’attribution de ces aides financières, dépassant bien souvent l’aide aux personnes retraitées ou à celles bénéficiant d’aide sociale, ne peut s’effectuer sans revoir les systèmes sociaux des départements, des régions et de l’état.
Aucune réponse n’étant apportée à cette double requête, les discours démagogiques et extrémistes, distillant leur venin, occupent l’espace.
N’est-il pas urgent de fonder un nouveau contrat social ?

3. Sortir du « binaire »
Notre société semble sombrer dans le radicalisme et la surenchère.
A la radicalisation religieuse de certains groupes humains, répond la provocation.
A la provocation de ceux-ci, répond l'appel au meurtre de ceux-là.
Face à la provocation et au radicalisme, l’utilisation des mêmes armes n’a jamais été et ne sera jamais une réponse.
Cet appel aux extrêmes ne laissent plus de place pour la discussion, le débat, le compromis, la pluralité.
Le seul fait d'avoir réhabilité la notion de blasphème voudrait nous présenter un monde où deux camps s'affrontent l'un contre l'autre, comme s'il n'y en avait qu'un seul pouvant détenir la vérité !
N'est-il pas urgent de passer du "binaire" au "ternaire", d’offrir une lecture plurielle ?

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Mise a jour le 27.06.2024