"C’est vieux comme le monde ! L’ennui est que cela dure toujours : lorsque quelqu’un dérange l’ordre de la communauté, on le déclare impur ! Une remarquable façon de s’en débarrasser en gardant la conscience claire ! Ses paroles sont troublantes, il conteste l’autorité, il introduit le désordre par ses comportements non conformes, il met en cause le code établi, et transgresse les règles du groupe, il dit «autre chose», il fait «autrement», il est malade, vous savez, cette maladie infâme… Alors on le montre du doigt et du fait même il devient lépreux ! On le met hors circuit de peur qu’il n’affecte le reste de la communauté. Mieux encore, on affirme que c’est la volonté de Dieu ! Bien sûr il y a des risques d’infection et des paroles dangereuses et des attitudes destructrices et des actes mauvais et des comportements dont il faut s’écarter. Bien sûr qu’il faut être vigilant et craindre le mal qui s’insinue. Mais pourquoi faut-il toujours que les hommes crient : «Dehors !» Pourquoi faut-il toujours que certains habitent en dehors du camp, à l’écart, définitivement parqués dans leur impureté ? Pourquoi toujours faut-il désigner des lépreux ?
Je ne sais pas comment faire. Je n’ai pas la solution. Mais ce que je sais, je l’ai appris de Jésus de Nazareth qui a traîné avec toutes sortes de malades. Ce que j’ai appris de Jésus de Nazareth, c’est que Dieu, sur ses lèvres et dans son cœur, n’a que cette unique parole : "Viens. Sois purifié !" "
(Charles Singer)
PLUS D'UN AN APRÈS ...
Il y a plus d'un an, je quittais Rome pour retrouver ma Haute-Savoie natale ...
Des soucis de santé m'ont alors obligé à prendre du recul ...
Je termine, en ce début d'année, un premier cycle de rééducation.
Au cours de ces protocoles de soins et de convalescence, l'écriture m'a sauvé , comme le dit Marguerite Duras : "Se retrouver dans un trou, au fond d'un trou, dans une solitude quasi-totale et découvrir que seule l'écriture vous sauve ... Écrire c'est hurler sans bruit".
Écriture et prière.
Écrire à la fois comme un plaidoyer puisque je n'ai pas eu le droit d'assurer ma défense, et comme un apaisement de moi-même.
Prier pour continuer à espérer contre toute espérance, pour m'attacher à l'Essentiel : Christ, pour Lui demander Sa force.
"Ce que nous vivons depuis plus d'un an est difficile pour tout le monde.
Quel gâchis qu'un tel drame ne soit dû qu'à un grand malentendu : la méconnaissance de la Franc-Maçonnerie et de ses valeurs !
Je ne suis en guerre ni avec le Père Boivineau, ni avec vous, ni avec le diocèse d'Annecy.
Même s’il est vrai que l'attitude de l'Eglise m'a heurté, que la manière dont le diocèse a géré ce dossier m'a profondément blessé, et que ce fut un véritable choc pour moi, ceux qui pensent que nous sommes en inimitié se trompent.
Ce sont des divergences théologiques qui nous séparent.
Les arguments d’incompatibilité d’une double appartenance Eglise - Franc-Maçonnerie sur lesquels j'ai été condamné, arguments sur lesquels la Chancellerie s'appuyait dans son texte du 26 mai 2013 (relativisme, notion de Salut, ...) seraient devenus, aujourd'hui, apparemment, secondaires. La
divergence, semble-t-il, porterait donc essentiellement sur l'obéissance.
Mais l'obéissance peut-elle être soumission bête et disciplinée ? Que dire de l'obéissance qui supposerait l’aliénation de la liberté de pensée ? Y a-t-il désobéissance dans le refus de se soumettre, sans mot dire, à un texte dont les arguments sont aujourd'hui remis en cause ? Une telle manière d'envisager l'obéissance n'est pas recevable. Je ne peux y consentir.
L'Evangile du Christ ne nous dit-il pas que l'Esprit l'emporte sur la Loi ? Le Christ n'a-t-il pas place l'Homme au-dessus de toute chose ? N'a-t-Il pas constamment libéré ses contemporains des lois hypocrites des Pharisiens qui les enfermaient et les tenaient à l'écart de la nouveauté évangélique, d'une libération et de la vie en Christ ? Son rapport à la Loi ne nous a-t-il pas souvent interpelés ? Lequel d'entre nous n'a-t-il jamais reçu, consciemment, à la table eucharistique, des personnes divorcées-remariées ? Pourquoi alors cette incohérence ? Pourquoi transgresser la Loi et le taire ?
J'ai pris acte de ma condamnation injuste qui m'a été infligée. Injuste puisqu'aucun dialogue n'a été possible. J'entends par dialogue un véritable échange de points de vue, un débat théologique sur les différents arguments mis en avant pour justifier une telle sanction.
Je ne désire aucunement quitter l'Eglise. La forme institutionnelle à travers laquelle elle s'est révélée m'oblige cependant à un effort supplémentaire pour accepter le visage qu'elle donne à voir, visage qui dénature ce qu'elle est par essence, l'Eglise du Christ.
Je crois en l'Eglise sacrement du Christ -signe de Sa présence-. Je veux la défendre même si parfois sa forme juridique, canonique, institutionnelle n'a rien de sacramentelle. Je sais que le signe est toujours en-deçà de ce qu'il représente.
Je sais que l'Eglise peut se tromper.
Je reste prêtre et demeure dans la Paix et la confiance. Je souhaite que ceux et celles qui ne le seraient pas, retrouvent cette Paix et poursuivent leur marche en Christ."
[extraits du courrier "À mes frères prêtres" envoyé à tous les prêtres du diocèse d'Annecy à Pâques 2014]
Pour ma part, la marche et le combat se poursuivent dans un cadre universitaire (faculté de philosophie à Lyon, conférences, fréquentation de communautés chrétiennes sur Genève, ...)
Le combat pour la justice et le dialogue est engagé : Il demeure le mien, il demeure le nôtre.
Notre Église, nos frères et sœurs nous attendent.
Quel drame d'avoir réduit la Parole évangélique libératrice à une parole autoritaire !
De petites équipes de réflexion se constituent ici et là ...
Équipes composées de chrétiens, de francs-maçons et de chrétiens francs-maçons désireux de mieux se connaître, de réfléchir ensemble et d'interpeller leurs différentes institutions.
Celles et ceux qui désirent rejoindre une de ces équipes peuvent me contacter en laissant un message sur cette page (rubrique "Contactez-moi") ou sur ""
Des fiches pour vous aider à animer et à bien vivre ces rencontres sont à votre disposition.
Mise a jour le 27.06.2024